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Alètheia ( ἀλήθεια )

Poésie

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Alètheia

Prends la vie avec toi comme le chemin vers le Néant
Alors tu Comprendras la mort comme le Dévoilement
Car Naître auprès de l'Être amène la Disparition.

Corruption


Progrès englouti dans la honte

Sous les feuilles tombées
Les matériaux désaccordés
Recouvrent le déshonneur

Il faut avoir grandi dans l’imposture
Pour évaluer la démesure
De l’étalon de nos menteries

Nous pourrions encore croire
Nous pourrions encore vouloir

Sauver l’irréparable mesure
De l’enfouissement de nos rejets
En funérailles opportunes

Le maître mot aujourd’hui
Réduit la ville à ses déchets
À la somme de ses corruptions

Nous pourrions encore croire
Nous pourrions encore vouloir

Mais les mères pleurent

De male formation en cancer
De mensonge en mépris

Octobre 2021


Répression


Tablature des graffs en vrac
Collapsus des maux des villes

Brouillon ruisselant des rues
Maltraitées par les chaînes
Des chars éructant leurs injures

Limaille dispersée de la fièvre
Ta bouche expire de désirs veules
Et se plisse de mots grotesques

On aligne les corps déchus
Pour mieux les soumettre

Et les irréductibles renoncent

La fabrique des quartiers
Répand la haine fébrile

On achève les corps meurtris

Requiem expédié de l’urgence
Ta bouche voudrait hurler
Et projette ses cris dérisoires

Devant ce qui reste d’impensable
Devant ces canons absurdes

On enterre la dignité

Septembre 2021


Égarement


La langue fredonne l’obscur
Avec ses emprunts à la nuit
Les grandes orgues exultent
Le roulement des mots

À contre-jour
La comédie éclipse le présent
Avec ses galipettes absurdes
L’explosion des voix
Foudroie le public

À contretemps
C’est la vie ajournée
Avec ses désirs éconduits
Où les grands éclats ravivent
Les souffrances occultées

C’est le peuple
Ajouré
Avec ses rêves déchirés

juillet 2021


Dissolution

Septembre 2021


Gisant


Aveugle

À l’extrême bord des cieux
Suspendus à la balancine céleste
Sous le jusant

Replié par le reflux
Où se dispersent la nue

La vie
En battements incertains
Marque le réveil des mots

Arraché à la nuit
Relapse

Le vieillard encastré dans le noir
Les yeux assiégés du remords
Où se dessine le repentir

La parole en attente
Le regard définitivement absent
Il ne peut qu’espérer

L’illusion du grand pardon
La rédemption

À l’extrême bord de la voie
Suspendue à ses peurs
Sous le poids de ses regrets

Gisant
Aveugle

Septembre 2021


Silhouette


Déraciné
Prisonnier de son mouroir
Le regard fixé sur l’impossible

Dans la salle d’attente
Avant le passage

L’escorte accrochée à la pente

Dilatation du chant des stupeurs
Les voix dérobées au silence

Ingrédient sacrificiel du présent

Les résidants fabriquent le passé
Et le mourant rumine le temps

Dans la salle d’attente
Avant le passage

Le grand passage de la nuit

Il faudra bien passer
C’est ce qu’ils disent
Il faudra bien passer
Même si nous n’y voyons pas là
La moindre nécessité

Le mourant révise sa mémoire
Pour y trouver une ouverture
Une lueur qui puisse accrocher la lune
À son temps qu’il sait dépassé

Rattrapé par la figure montante
C’est son âme qu’il accroche
Sur la voûte de ses souvenirs

Avant

Avant de se dire au revoir

Il faudra bien renoncer
À cette conscience de soi
Qui lui a valu tant de déboire

Il faudra bien renoncer

Avant le grand passage

Septembre 2021


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