Prends la vie avec toi comme le chemin vers le Néant
Alors tu Comprendras la mort comme le Dévoilement
Car Naître auprès de l'Être amène la Disparition.
Progrès englouti dans la honte
Sous les feuilles tombées
Les matériaux désaccordés
Recouvrent le déshonneur
Il faut avoir grandi dans l’imposture
Pour évaluer la démesure
De l’étalon de nos menteries
Nous pourrions encore croire
Nous pourrions encore vouloir
Sauver l’irréparable mesure
De l’enfouissement de nos rejets
En funérailles opportunes
Le maître mot aujourd’hui
Réduit la ville à ses déchets
À la somme de ses corruptions
Nous pourrions encore croire
Nous pourrions encore vouloir
Mais les mères pleurent
De male formation en cancer
De mensonge en mépris
Octobre 2021
Tablature des graffs en vrac
Collapsus des maux des villes
Brouillon ruisselant des rues
Maltraitées par les chaînes
Des chars éructant leurs injures
Limaille dispersée de la fièvre
Ta bouche expire de désirs veules
Et se plisse de mots grotesques
On aligne les corps déchus
Pour mieux les soumettre
Et les irréductibles renoncent
La fabrique des quartiers
Répand la haine fébrile
On achève les corps meurtris
Requiem expédié de l’urgence
Ta bouche voudrait hurler
Et projette ses cris dérisoires
Devant ce qui reste d’impensable
Devant ces canons absurdes
On enterre la dignité
Septembre 2021
La langue fredonne l’obscur
Avec ses emprunts à la nuit
Les grandes orgues exultent
Le roulement des mots
À contre-jour
La comédie éclipse le présent
Avec ses galipettes absurdes
L’explosion des voix
Foudroie le public
À contretemps
C’est la vie ajournée
Avec ses désirs éconduits
Où les grands éclats ravivent
Les souffrances occultées
C’est le peuple
Ajouré
Avec ses rêves déchirés
juillet 2021
Septembre 2021
Aveugle
À l’extrême bord des cieux
Suspendus à la balancine céleste
Sous le jusant
Replié par le reflux
Où se dispersent la nue
La vie
En battements incertains
Marque le réveil des mots
Arraché à la nuit
Relapse
Le vieillard encastré dans le noir
Les yeux assiégés du remords
Où se dessine le repentir
La parole en attente
Le regard définitivement absent
Il ne peut qu’espérer
L’illusion du grand pardon
La rédemption
À l’extrême bord de la voie
Suspendue à ses peurs
Sous le poids de ses regrets
Gisant
Aveugle
Septembre 2021
Déraciné
Prisonnier de son mouroir
Le regard fixé sur l’impossible
Dans la salle d’attente
Avant le passage
L’escorte accrochée à la pente
Dilatation du chant des stupeurs
Les voix dérobées au silence
Ingrédient sacrificiel du présent
Les résidants fabriquent le passé
Et le mourant rumine le temps
Dans la salle d’attente
Avant le passage
Le grand passage de la nuit
Il faudra bien passer
C’est ce qu’ils disent
Il faudra bien passer
Même si nous n’y voyons pas là
La moindre nécessité
Le mourant révise sa mémoire
Pour y trouver une ouverture
Une lueur qui puisse accrocher la lune
À son temps qu’il sait dépassé
Rattrapé par la figure montante
C’est son âme qu’il accroche
Sur la voûte de ses souvenirs
Avant
Avant de se dire au revoir
Il faudra bien renoncer
À cette conscience de soi
Qui lui a valu tant de déboire
Il faudra bien renoncer
Avant le grand passage
Septembre 2021