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Alètheia ( ἀλήθεια )

Poésie

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Printemps

Un bel ailleurs en bouquet de fleurs

Nous parlent de singuliers mots
Dans leurs nudités de passeur
Où chante dans les rameaux
Tous nos amours voyageurs

Dans le tremblement du désir
À l'abri des nuits sans paroles
Les femmes parfois crient leurs plaisirs
Comme foudroyées par leurs idoles

Et dans l'espoir d'un devenir

Chacun songe aux sentiers drapés
Où fusionnent les coeurs dénudés

Février 2017

Impuissance

En souvenir d'Inouk

Comme destination commune
Devant ce cadavre
Et notre propre mal de vivre
Dans ce silence honteux
L'absurde tutoie l'absence

Au travers de cette mort
Ce n’est que notre propre vide
Qui se creuse un peu plus
Et pour lequel nous implorons encore
Un semblant de sens

Pour nous rassurer
Et parer cette dépouille
Devant ce regard résigné
Et ce corps trop tôt déchu
De nos dernières larmes d'impuissance

Février 2017


Désespérance

Un bol sur une table
Un bol
Plein de lui-même
Débordant de café
Fumant
Sa désolation
Et à côté
La cuillère
Pauvre
Servante abandonnée

marquant le temps

Et l'horloge qui bat
Qui frappe
Qui hennit le vieillissement

Et l'homme

Las
Attendant la sentence
La tête dans les mains
Les doigts dans la tête
Les ongles ravageant ses pensées

Et les coudes
Les coudes fléchissants sur la table
Cette table d'où se ferment les portes
Portes d'amours
Portes d'espoirs

Et l'homme


Claquant d'effroi
Sous le martèlement
De la désespérance

Août 1992

Infamie

Laissez-faire
Suspendre la détresse du monde

Au pilori de l’indifférence

Agenouillé dans cette brume
Et regarder la mer emporter
Ce qui reste d'âme
Aux creux des heures embrasées

Repli du temps

Dans ce naufrage annoncé

Humanité

Que fais-tu des corps abolis
Perchés sur les larmes
Des guerres exaltées
Par nos renoncements ?

Humanité
Que fais-tu?

Novembre 2016

Pour un sourire d'amour

Au loin sans visage
Sur le rivage de la grève

Vagues aveugles
Le vent pousse l'écume
Les yeux se ferment
Et l'océan exulte
Et des rires d'enfants explosent
Et des cœurs s'embrasent
Sur la déferlante du bonheur
Des regards s'invitent
Par delà les dunes

Ivresse du sage
Devant la caresse du rêve

Janvier 2017

13 Novembre

Table renversée du festin
Comme empreinte
Sur les feuilles désaccordées de la nuit

Dans le chaos d’étranges mots
Brisés éclatent en sanglots

Le recueillement se plie sans bruit
Comme étreinte
Devant l’impensable destin

Novembre 2015

Involution

Dans l’effondrement de l’histoire
Dans le rassemblement du temps

Renversement de la modernité
Enfermement de l’humanité

Un mot sur la mémoire du seuil
Dans la résilience du deuil

Dans la fatalité de l’instant
En blanc ou noir s’ajourne l’espoir

Novembre 2015

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