Peinture Poesie Musique

Alètheia ( ἀλήθεια )

Page suivante Dernière page

Cop21 2015

La république en état d'urgence

Deux semaines après les attentats de Paris, la COP21 va débuter dans un contexte d’état d’urgence. Un état de guerre qui n’a rien à voir avec les dérèglements climatiques annoncés, mais qui va certainement déterminer le ton des négociations. Le recueillement est fini, nous devons passer la main aux négociateurs. Cela, pour le meilleur comme pour le pire, car les enjeux sont énormes. Enjeux géopolitiques certes, mais fondamentalement économiques.

Les gouvernants, du moins ceux qui se présentent comme tels, penseront aux citoyens de la terre quand ils auront fini de régler leurs divergences sur le fonctionnement des marchés. Au-delà de l’affichage politiquement louable de la préoccupation de l’évolution du climat, ce sont bien les modalités de gestion financière du problème qui commence à s’inviter à la table des négociations. La facture pourrait se révéler fort élevée, quelques centaines de milliards à trouver avant le milieu de ce siècle. Elle le sera d’autant plus, à n’en pas douter, si nous repoussons sans cesse l’amorce de solution à l’échelle de la planète. Le climat ne connaît pas de frontières et nous devrons apprendre à travailler ensemble, sinon, nous risquons de disparaître ensemble. Le point de rupture où rien ne pourra être contrôlé est beaucoup plus proche que ce que les gouvernants veulent bien nous dire. « Pas de panique ! » nous disent-ils. Pourtant, il y a bien le feu sur notre planète.
Si le climat est une priorité, il n’est pas le seul problème qui va nous assaillir. Entre la disparition des ressources halieutiques (poissons, crustacés...), l’appauvrissement des sols cultivables et la réduction des terres exploitables ( acidification, salinisation, pollutions diverses en particuliers par les métaux lourds...), la raréfaction de l’eau potable, l’acidification de l’air , la disparition du sable par une exploitation excessive des réserves, la multiplication des déchets (la France, à elle seule, produit l’équivalent en volume d’une montagne de déchets, et ce n’est pas une image, il s’agit du Mont-Blanc)... Nous ne pourrons bientôt plus répondre aux urgences. Ceci ne concerne pas seulement notre pays, mais bien toute la terre. Il n’y aura bientôt plus de refuges. Les derniers sont en train de fondre.
Tout cela nous annonce de nouvelles catastrophes non seulement climatiques et écologiques, mais aussi, et avec elles, des catastrophes humaines sans précédent. Nous allons connaître des phénomènes migratoires d'exilés climatiques et écologiques d’une ampleur telle qu’il serait bien prétentieux de croire que nous pourrons les contrôler. Quand nous voyons l'incurie des gouvernements face à la crise des réfugiés syriens, nous sommes en droit d'être inquiets . Nous pouvons craindre de nouveaux génocides entre des peuples rivaux prêts à tout pour s’approprier les ressources indispensables à leur survie.
Devant tout cela, il est beaucoup plus facile de jouer à l’autruche et de nous enfoncer la tête profondément dans le sable, dans ce qui reste de sable, mais malheureusement cela ne nous évitera pas de l’avoir dans l’arrière-train si nous ne faisons rien.

Nous ne pouvons qu’être très inquiets sur le déroulement de la COP21 lorsque nous voyons l’hypocrisie qui entoure cette nouvelle réunion.
Pendant que les USA font des annonces pour le climat, les mêmes poursuivent, dans le plus grand secret, les négociations sur le traité transatlantique, qui va ruiner les pays adhérents . Ces derniers ne seront même plus des vassaux des USA, mais de simples métayers des multinationales américaines.
Les états devront s’exécuter et se soumettre aux règles des marchés sans quoi ils se verront condamnés par un tribunal d’exception. Salaire minimum, protection sociale, sécurité des aliments, normes de toxicité, assurance-maladie, liberté du Net, protection de la vie privée, énergie, culture, droits d’auteur, ressources naturelles, formation professionnelle, éducation, équipements publics, immigration : « pas un domaine d’intérêt général qui ne passe sous les fourches caudines du libre-échange ». «  Il n’y a pas de limite aux pénalités qu’un tribunal peut infliger à un État au bénéfice d’une multinationale.

Page suivante Dernière page