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Alètheia ( ἀλήθεια )

Poésie

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Relégation

Plages souillées par les déchets

Lentement s'ajourne la résilience
Dans les cris dérisoires

Et les goélands raillent la fortune

Dans l'abandon des résidus honteux
Ces oiseaux sans destination
S'effondrent dans la boue du mépris

Horizon débouté de tout asile
Traçant la ligne de désolation

Chaque nouvelle digue
Est un rempart pour mieux enfermer
La mort qui nous recouvre

Et le silence écume
Les choses reléguées
Où la vie s'épuise

Juin 2017


Aliénation

Passerelle de la nuit
Comme un geste avant le deuil
En lisière des pierres déposées

La terre implore la clémence

Devant la cérémonie funèbre
Le temps ravage l'espace
Et nous marchons sur les empreintes
Des blocs dépareillés des ruines

Inscriptions obscures de la chute

Épousant nos faiblesses
Captif de nos renoncements
Nous apprenons l'expiation

Mais la terre implore la clémence

Dans l'effacement des traces
Au milieu des faux monnayeurs
Nous vendons nos âmes
En réponse au dérisoire

Lambeaux des figures anxieuses

Au milieu des méandres
Du langage trop policé
Nous instruisons le mensonge

Et la terre implore la clémence

Juin 2017

Îles célestes

Les lanternes des paupières
Éclairent les voûtes de nos nuits
Mémoire en berne des dieux
Sous la ribambelle des astres

Les mains des scribes
Inscrivent la trace du rêve
Et nous regardons les cieux
Dans leur course familière

Les étincelles de ces géants
Inondent le chœur des hommes
Dans le cortège insulaire

Et les peuplent des villes
Gravitent en archipel
Sur des routes sans amers

Juin 2017

L'ordre des indulgents

Ils marchent, ils courent, ils dansent

Dans l'ordre même des indulgents
La guerre en forme d'obus
Trépane les champs des condamnés

Ils sont grands, beaux et vaillants

Dans l'ordre même des indulgents
La guerre les attend au coin
Sans égard pour leur jeune âge

On les compte, on les toise, on les vise
Chacun leur tour la mort sur le chemin
Il y a de la place pour tous

On se lève, on tire, enfin
Pour tous ce sera la fin
Aucun ne s'en relèvera

Dans l'ordre même des indulgents

Juin 2017

À cor et à cri

Une bouche inquiète
Toujours prête à sonner le glas
Artillerie au saut des pendus
Dans un bruit de tempête

Lèvres en forme de fleur explorant
Le temps d'une parfaite chasse
Les plaisirs des senteurs matinales
Sous les draps des phantasmes

Voici le temps des soupirs
Perdu dans les limbes
Où se dressent les appareils
Les plus insolites du réveil

Pour le plaisir de ces dames

Juin 2017

Ravage

Les fumées des usines
Façonnent les masses
Et nos regards vagabonds
S'imprègnent de la désespérance

Les rivières vomissent de honte
La pollution ravage les lits
Et les animaux périssent
Devant nos impuissances

La terre tremble sous les coups
Et les marteaux-pilons frappent
Jour et nuit on frappe le sol

Un peu plus chaque jour
La vie tremble sur terre
Jour et nuit on arrache l'argent

Un peu plus chaque jour
L'humanité s'effondre sur terre
Jour et nuit on produit de la mort

Juin 2017

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