Prends la vie avec toi comme le chemin vers le Néant
Alors tu Comprendras la mort comme le Dévoilement
Car Naître auprès de l'Être amène la Disparition.
Une longue errance de l’écrit
Contre les forces pernicieuses
Une langue diffuse
Une langue d’emportement
Où les mots se révoltent
Parmi les voix désaccordées
Un œil ouvert au-dessus du vide
Et l’autre refermé sur l’absurde
Une œil pour
Reconstituer les nuits fragiles
Resserrer des figures froissées
Au creux des mots désunis
Un œil pour
Que la phrase dénudée sature l’envie
Une écriture comme un crible
Accordée à la trame des sanglots
Une langue violente
Écumant les maux
Pour rendre lisibles les corps
Meurtris des morsures du temps
Juillet 2021
Une lampe dans le ravissement
Sur une table
Simple
Seule devant le livre
Replié sur sa monture
Une lampe
Demandant pardon
Pardon à l’ennui
Pardon à la solitude
Éclairant le fil des mots
Simple
Seule devant la fenêtre
Ouverte sur la nuit
Elle se regarde
Elle se prélasse
Image lapidaire du miroir
Une lampe
Comme
Mémoires empilées
Sur le dérisoire
Juillet 2021
Comme un barrage
L’irréductible abolit la pierre
Ici travaux
Offense à la montagne fractionnée
Le village sombre
Dans le bruissement des mémoires
L’ouvrage
Insulte à la dignité sacrifiée
Recouvre le parvis déserté
Ici travaux
Paroles crevassées des corps
Sur l’entablement des gorges
Où se destine les condamnés
L’ouvrage
Avale les derniers regrets
Sous l’ombre des larmes
L’irréductible
Ici
Abolit la vie
juillet 2021
Arraser l’entaille des pierres
Où se rassemblent les rêves
Encre de pieuvre dispersée
Sur les lettres sauvages
Avant de dormir
La dragonne revient hanter
Les ombres des mots
Le papier pourchasse les murs
Avec son sabre déplié
Et les tentacules enlacent
Les traces des maux emmurés
Avant de dormir
La dragonne suspend la nuit
Sur l’entame des livres
La venue du sommeil
Écrit l’inexorable aliénation
Sur la courbure du temps
juillet 2021
Juin 2001
La tentation de vouloir danser
Sur mon cercueil
Est une invitation douteuse
À mon propre enterrement
Ce n’est pas raisonnable
Ce n’est pas rationnel
Même si c’est tentant
Ce n’est pas acceptable
Ce n’est pas convenable
Les mauvaises langues
Voudront encore se répandre
À mon propre enterrement
Ce n’est pas très correct
C’est encore moins honnête
Mais ça n’a pas d’importance
Ils se répandront
De toute manière
À mon propre enterrement
Je n’y serais plus
Ils pourront toujours dire
Ils auront beau faire
À mon propre enterrement
Je partirai dans les flammes
En me moquant encore une fois
De tous ces mots qui nous affligent
Juillet 2021
L’impatience arrache les sentences
Sur les bords des chimères
L’encre bégaye sur le papier
Elle a trop de maux pour se coucher
Broyer l’impossible
Parloir évidé des mots crachés
La tâche
Au fond des étoiles perdues
Ruisselle sur les constellations
Captive parfois
Des plis du feuillet
Arraché à l’infini
Emprunt oblique
À la vie fracturée
La meurtrière éclaire
Les entrailles des corps perdus
Au-delà des terres d’ombre
Le long des lignes nouées
Le regard se disperse désemparé
Et invoque la liberté des marges
Les lambeaux des paroles
Se délitent dans le contrechant
Des souffrances consumées
Juillet 2021
Les agrégats indifférenciés
Engravent les navires aveugles
Sur les rives désertées
La rocaille enferme les mains
Dans l’ombre des épures
La barque s’éclate sur les pierres
Emportée par les déchirements
Visages foudroyés
La gorge nouée
La voix âpre et rude
Le regard ruiné par la peur
Ces êtres à la dérive
Dans l’immédiateté de leur sort
Démunis comme des enfants
Hurlent
Hurlent d’une langue rauque
Les mots ruisselants de larmes
Hurlent
En vérité
À l’envoûtement de la débâcle
La mort ouvre ses bras
Sans caution pour la suite
Impossible rédemption
Où la vie se précipite
Juillet 2021