Prends la vie avec toi comme le chemin vers le Néant
Alors tu Comprendras la mort comme le Dévoilement
Car Naître auprès de l'Être amène la Disparition.
Devant les lucarnes amnésiques
Se dispersent les échéanciers vermoulus
Le papier se résout à se répandre
Son encre décolorée envahit les marges
Paroles illisibles de célébrations perdues
Pendant que le temps s’absente
Recouvert de la poussière des lieux
Investi par la désespérance
Un chef de service
Un chef d’archives
Se découvre une âme de fossoyeur
Il en faut
Il y en a toujours
Pour remuer l’impensable
Combien de temps lui faudra-t-il ?
Combien de temps lui reste-t-il ?
Pour penser
Le papier s’obscurcit à se répandre
Son encre s’évapore au-dessus des marges
Paroles de temps perdu
Devant la lucarne de la morgue
Se disperse le mauvais goût
De la mort
Juillet 2021
Excusez la ruée
Sous l’éclat des dupes
La bête soldatesque
Déverse son venin
Ruelles malmenées au réveil
Sans lendemain
Sans levain
L’espoir est dérisoire
Grenades assourdissantes
Un avertissement
À l’ouverture charnelle
Des corps soulevés
Écartelés en rugissant
L’espoir est dérisoire
Grenades de désencerclement
Sans égard
Sans regard
Il faut bien nuire
Un peu
Gravement
Cribler le sommeil serein
De ces vaincus
Les oreilles déchirées
Au petit matin crédule
Juillet 2021
Analyse macabre des dossiers ferrés
Lourdement disposés sur les strates
De l’histoire en question
Des lunettes œuvrent contre l’oubli
Des agents feront l’inventaire
Séquestrés dans leur servilité
Afin de mieux enfermer
Les yeux affûtés contre l’erreur
Il ne faut rien oublier
Ne rien laisser au hasard
Tout contrôler
On ne sait jamais
Dans ce fatras de feuillets
Dans cette accumulation de hontes
Il y a forcément un peu de vrai
Il ne faut rien ignorer
Ne rien laisser par négligence
Tout contrôler
Même ceux qui contrôlent
On ne sait jamais
Ils pourraient nous abuser
Ils pourraient
Nous couillonner
Alors
Il faut les dresser
Il faut les emmurer
Il faudra peut-être les éliminer
On ne sait jamais
Au nom de cette connerie
Au nom de cette félonie
juillet 2021
Juin 2001
Limites façonnées
À l’intersection des apparences
Sous le chapiteau
Des renoncements
Familiarités étendues de l’ordinaire
Purger les débris
Du train de l’enfer
Paroles incertaines
Désillusions grossières
En projection improbable
Sur les pavés désertés
S’accommoder du mensonge ?
Dévisser les convictions
À l’aune des possessions
Juillet 2021
Là-haut
Au bord du précipice
Nous pouvions voir une branche
Une branche couverte d’aiguilles
À son extrémité
Comme un buisson d’épines
Bourgeonnant au-dessus du vide
Le tronc de l’arbre replié sur lui-même
L’écorce écorchée
Nouée dans sa peur
Et les racines
Pénétrant la terre
Entrelaçant la rocaille
À son extrémité
Comme un équilibriste
Sur le fil des entrailles
Un arbre
Qui veut vivre
Qui veut à tout prix
Résister
Un arbre
Dans la résistance
Au-dessus de l’abîme
Mais
L’eau est venue
Elle a tout emporté
L’eau qui gronde
L’eau qui ravage
L’eau des orages
Qui emporte tout
Qui ravine tout
La terre d’abord
Ce ciment
Ce liant des pierres et des racines
Les rochers ensuite
Et tout ce qui va avec
Il ne reste rien
Là-haut
Je ne sais pas s’il a eu peur
Je ne sais pas s’il a souffert
Mais
Ce que je sais
C’est que cet arbre
Dans sa résistance
A su préserver sa dignité
Juillet 2021