Sous le délabrement du ciel
Les arbres couchés
Au pied du promontoire
Les corps évidés
Et les mères qui pleurent
L'océan dans son impatience
N'a que faire de la pitié
Il rage
Il gronde
Il ravage les visages
Et les enfants rejetés dans leur silence
L'océan dans la rumeur
N'a que faire des faiblesses
Il capture
Il viole
Il déchire les coeurs
Et les mères qui pleurent
Dans le bruit des vagues scélérates
Il ne reste que la vie en naufrage
Mars 2017
Les oiseaux jouissent du tourbillon
Du renouveau saisonnier
Embellie du printemps
Libérant les désirs labiles
Et les astres contemplent la mer
Avant de sombrer dans l'horizon
Brûlés par les plaisirs consommés
Expiation dans la transe
Dans le rapt de la chair
Se projette l'abandon de soi
On suffoque dans le cortège
Devant les renoncements
Et dans l'inanité des apparences
Se confondent l'orgasme mensonger
Et l'envoutement des augures
Aucune bouche ne tempère
La rage des espoirs fébriles
Mars 2017
Devant l'impensable retour
Du bruit des bottes guerrières
Au risque d'une nouvelle déflagration
Adossée à cet aveuglement stupide
À nouveau
Dans l'ombre de nos cachots
Le sang des camps se répand
Et la terre écarte ses jambes
Où s'engouffre la rumeur du temps
Avec les ressentiments des nations
Se creusent les fosses meurtrières
Le vent disperse les guenilles
Des derniers peuples humiliés
Et le souffle de nos forges
Absorbe leurs hurlements
Avant l'agonie programmée
D'une humanité sacrifiée
Mars 2017
Un visage de poussière fine
Incruste les brisures du temps
Obscur horizon des renoncements
Feuillage effacé dans les combles
De notre mémoire silencieuse
Un regard désespère la cible
Les corps s'effondrent dans les bûchers
Où se trahissent les voix fragmentées
Inintelligibles imprécations
Voir la terre glisser dans sa nuit
Et sauver ce qui demeure
Mars 2017
Lorsque le vent gonfle les épis
Que nos regards traversent
La surface scintillante des champs
Le voile de sa beauté
Se répand en d'inavouables
Dentelles libres de désirs charnels
Comme contrebande du corps
Et dénudant les épaules
Ce sont les voix détonantes
Qui éclatent en artifices
Dans le souffle des jours ludiques
Rumeur des mondes
Inondant de lumière
La silhouette légère et fluide
De cette complice maîtresse
Mars 2017
Livres ravagés de paroles promises
Figures du monde où sombre
Les pages incertaines
Dans l'ombre portée des mots
Ces images démises
Préparent la chute
Dans l'effacement silencieux
De nos dernières libertés
Avec ces rumeurs funestes
Comme autant de croyances
Dans le déploiement de la terreur
Se dévoilent toutes nos peurs
Mars 2017
Chaque mot est un océan d'incertitudes
Avec lequel nous devons composer
Pour ne pas sombrer chaque matin
La confiance manque aux devenirs incertains
Résilience de la mémoire tressée
Dans les plis de nos solitudes
Fers imposés
Des chaînes immergées de l'enfance
Qui retiennent dans les profondeurs
Les épaves de nos rêves en instance
Devant l'émergence d'improbables leurres
Poussières incrustées
Dans les murs dressés
L'histoire s'abandonne dans ses fissures
Attendant que le vent souffle d'autres salissures
Mars 2017