Dans les branches traversantes
Émergeant de la danse
Chants d'oiseaux forçant la voix
Dans les turbulences du vol
Dérober la robe de la promise
Et lui présenter le divin nid
Atteindre le bois fragmenté
Grêle piquante sur le feuillage
Qui ajoure les ramées fébriles
La lumière redonnant vie
Aux graines en attente
Épanchement du renouveau
Qui envahit la terre chaude
Dans les craquements des brindilles
C'est une armée qui envahit la clairière
Pour redonner forme à l'envie
Sentiers bordés d'espoir
Croissance dans la conquête
À l'orée du reflux de la forêt
Ravir les fleurs en effraction
Dans les premiers rayons du soleil
Des mots balbutiés au réveil
Et prendre le chemin du veilleur
Sous la tyrannie de l'innommable
Qui pousse chacun hors de soi
Avril 2017
Dans l'archipel des chimères
Un contre-jour inondant l'espace
Les ruines traversent la vieillesse
Où lentement s'ajourne la vie
Ta voix se dissout dans les repentirs
Où s'effondrent les passions
Pauvre servante en procuration
Sous la domination des blessures
Les désirs en manque nécessaire
Disloqués dans les décombres
Et ta voix en souffrance au loin
Qui raisonne dans le téléphone
Ta voix qui voudrait cicatriser
Toutes ces injustices asphyxiées
Réciproque et cruelle distance
Infligée à la raison insensée
Ta voix où s'émousse l'unique
Séparation précaire et impensée
Sur cette île résonne la douleur
De ta voix vulnérable en suspens
Et nous nous regardons partir
En exil par inadvertance
Avril 2017
Dans leurs renoncements
Les mères en deuil
Et les filles sur le trottoir
À regarder les vieux beaux
Cela pourrait remplir les vides
Et rassurer les vieilles
Pendant que ces bobos de pères
Sous les regards hagards
Le long du bar
Épongent comme des buvards
Le paradis dans la cuillère
Et l'absinthe dans le cerveau
Brûlots incendiaires
Qui détruisent l'écorce
De ces crânes narquois
Cynique dans leur gouaille
Et ravageurs dans leur mépris
Ça faisait longtemps que leurs vies
Au pied comme au moral
Avaient quitté la bourrée
Traquées par leur folie
Elles titubent encore
Sur le sentier corrompu
Où ils ont tout sacrifié
À confire leur foie
Vert comme leur alcool
Raccommodant leur prière
Avec le fil des Parques
Sans fois véritables
Dans la génuflexion obscène
Pour mieux écorcher la vérité
Dressant ces croyances délabrées
Comme autant de murs
Où s'écrivent les malentendus
Des contrefaçons de la mémoire
Pour séparer et meurtrir
Dans l'ombre frauduleuse
Voici nos bourgeois
En quête de pouvoir
Devant leur verre
Réduits à confondre
L'infâme et le spirituel
La putain et le sacré
Avril 2017
Reliquats arrachés aux déportés
Dans les murs ravagés de l'ossuaire
Révision du ressac du temps
Enfermé dans les récits désaccordés
Nier les pyramides mnésiques
Où se mime la recouvrance
Pour justifier les pires crimes
Dans ces prisons obliques
S'agrègent les haines
À travers les grilles forgées
De l'acier des rancoeurs
Retrouver la délivrance
Sans octroi à recouvrir
Pour la liberté en suspens
Avril 2017
Dormir
Dormir dans l'oubli
La mer grève le silence
Avec les fragments des misères
Dans le renversement des rochers
Où les hommes fracassent leurs rêves
Asservissement programmé
Dans l'affaissement de l'horizon
Où les paupières se plissent
Avec la répétition de l'innommable
Embarcations explosées
Dans l'impatience de la déroute
La mer vomissant la mort
Avec ses débris d'humanité chavirée
Dormir par méprise
Dormir
Avril 2017
Avec ce foyer en ellipse
Obscurcissant les mots en jointure
Il y a l'évocation de l'absence
Dans le surgissement du silence
Transparences des figures
Qui informent les corps pressés
Coeurs nus affrontant le langage
Dans son mouvement pendulaire
Mémoire biaisée en curatelle
Qui gangrène les traces du stylet
De ses tremblements incongrus
Au milieu des moisissures
Les yeux asservis et repliés
Dans l'incohérence du discours
Les désirs suspendus au temps
Se disloquent dans les décombres
On poignarde la vie en marge
Et nous laissons les sentinelles
Envahir nos souvenirs
Pour mieux nous enfermer
Avril 2017
Dans le silence
Les pas sur les feuilles
Et le vieux
Et les aboiements au loin
Et les portes qui grincent
Le ciel désappointé
Le ciel en pleure
Les pas qui claquent
Avec l'abandon en coin
Et le vieux
Qui marche
Parce qu'il faut quand même marcher
Le vieux
Qui gondole
Sous le poids de sa mémoire
Et le chien qui le regarde
Soumis dans sa nuit
Et le chien qui attend
Défait dans son renoncement
Et les aboiements des peurs
Et les portes qui frappent
Tous ces maux vieillissants
Et le vieux qui se regarde sombrer
Dans les yeux de son chien
On se sent toujours trop vieux
Quand on se sent trop seul
« Allons mon chien
Mon chien
Il faut quand même ramasser le bois ! »
Mars 2017