Des mots dans l'infamie
Des mots dans le mépris
La parole en filature
Pour redresser les tordus
Qui osent encore espérer
Des mots pour secouer
Des mots pour diviser
La parole en villégiature
Pour tresser l'ennui
Contre ceux qui osent encore rêver
Des mots pour soumettre
Des mots pour démettre
La parole entre parenthèses
Et imposer le silence
Contre le bruit des consciences
Mai 2017
Arpenteur de mondes déchus
Bâtisseur de nouveaux murs
Déchiffreur du bornage social
Où sont classifiées les personnes
Comme autant d'illusions masquées
Dans le constat de leur vacuité
Le géomètre enclot les ombres
Pour mieux les soumettre
Société pathologie du contrôle
La ville avec ses bracelets
Comme enceinte contre la déviance
Dans la tension de la norme
Ici l'individu est absent
La ville garantit l'enfermement
Et la clôture des âmes
Avril 2017
Comme autant d'éraflures infligées à la vie
Les regrets insoumis nécrosent nos souvenirs
Et la terre abandonne les corps corrompus
Rebuts surgissants des hurlements de la nuit
Prophétie de l'oubli
Où les monstres se réveillent
Pour mieux briser les attentes
Comme outrage du mépris
Milice transpirant la haine
Chassant dans sa précipitation
Les derniers réfractaires
Il ne nous reste pour survivre
Que la peau fine des amours rêvés
Que chacun caresse comme il peut
Dans l'attente aliénée de la nuit
Avril 2017
La horde étalonne la besogne
Et nous renvoie au parcours
Où s'accumulent les désarrois
Ouvrage sous tutelle
Dans l'abandon de nos rêves
Les feuilles asphyxiées sous la tourbe
Absorbent l'altérité aveugle
Et nous respirons les moisissures
Les tortionnaires se réveillent
Pour mieux ravager les corps
Dans l'enchevêtrement des mots
Où se dispense la morale du monde
Sous l'oppression des nations
Qui soulève toutes les déjections
Des ressentiments cumulés
Il ne nous reste rien à promouvoir
Devant l'achèvement de la fatalité
Crime solidaire dans l'alternance
La foule se désaltère de la fronde
Sans autres intentions avouées
Que l'approbation d'un rituel
Avril 2017
Détruire l'espace oppressif
Herméneutique des traces
D'une écriture en otage
Glisser jusqu'au bord de l'inachevé
Trajectoire fossilisée du livre
Où la parole rassemblée se dilue
Figures légitimes de l'effacement
Devant nos désirs avides
Inscrits en deçà de nos pactes rêvés
Libre terreur abolie des folles nuits
Une ligne absoute devant l'office
Comme prière dévoyée de l'instant
Où certains attendent l'illumination
Flèches discordantes des destinations
Dans la précipitation des forces
Où se dispersent nos représentations
Langage plongé dans le puits
Des pensées en effraction
Avril 2017