Prends la vie avec toi comme le chemin vers le Néant
Alors tu Comprendras la mort comme le Dévoilement
Car Naître auprès de l'Être amène la Disparition.
Dehors se dressent les barricades
Lorsque les heures enrobent de folles nuées
Les ombres de ces "salauds de pauvres"
Les cris dérisoires recouvrent de cendre
Les supermarchés des illusions
En bon ordre devant le fusil
Pourtant
Dans l’affaissement des voix pacifiées
Où s’ajournent les regards asservis
Chaque pas irréversible écrase
Des mondes à jamais perdus
Nous ne voulons pas savoir
Ce qui se trame ici
Dans les profondeurs du mépris
Nous n’habitons plus la terre
Nous avons programmé sa spoliation
Viendra bientôt l’exode
Pour un ailleurs qui n’existe peut-être pas
Ainsi dans la valse des regrets
Nous laissons crier, hurler, pleurer les peuples
Pendant que quelques-uns arraisonnent la planète
Pour mieux soumettre tous ces gueux
Ils crèveront de toute manière
Par empoisonnement
Par famine
Par les guerres
Ils sont des milliards
C’est programmé
Ils crèveront
Dans le plus grand dénuement
Dans la plus grande solitude
Dans le plus grand désespoir
Pourtant
Ils ne demandent qu’une chose
Une chose très simple à dire
Si simple que précisément
Nous ne savons plus le dire
Une chose que nous avons oubliée peut-être
Parce que ce n’est pas une chose
Et que cela ne se possède pas
Non
Ce n’est pas une chose
Mais une idée, un rêve, une utopie
Mais pour eux
Ça n’a peut-être jamais existé
Le droit d’exister
Octobre 2020
Tu te regardes dans le miroir
Brûlé par tes anxieux désirs
Dresser la vie en urgence
Avant le grand sommeil
Celui dont on ne revient pas
Celui qui nous attend dans l’impasse
Des étreintes trop tardives
Bruissement du moment défiguré
Sous la pluie frémissante des larmes
Derrière la fenêtre adossée à la nuit
Le corps brisé dans les replis
De l’infini vide du rien
Et pourtant
Dans l’attente de l’ultime abandon
À l’épreuve de l’ennui et du bruit
Répondre du visage d’autrui
Et échapper un instant à sa misère
Décembre 2018
Sans l'horizon d'un avenir
Lorsque la foule est trop grande
Lorsque toutes ces voix hurlent
Lorsque cette foule
Harcèle, frappe, cogne
Et se précipite contre les murs
Il n'y a plus de place pour la mémoire
Il ne reste
Que la tyrannie du présent
Octobre 2018
Juin 2001
Nous voudrions voir l’oiseau
Dans le tumulte du printemps
Tournoyer dans le ciel
Une femme à sa fenêtre
La vie imprimée sur les rides
Brouillées d’étoiles gémissantes
Et les mots enchevêtrés du désir
Une femme à sa fenêtre
Les regards arqués par les larmes
Avec ce mouvement subtil
Qui embrase tous les possibles
Une femme à sa fenêtre
Qui se consume
Dans l’infamie du temps
Octobre 2020
Aube du vent engourdi
Dans la rue des autres
Trouver un espace de commencement
Dans la blancheur du matin
Gravir l’échelle des frontières
Et dérober la gaieté du refuge
La douane en contrôle simulé
Se joue de la détresse du condamné
Vérification formelle des captifs
Avant la déportation attentive
Avant la résignation conjointe
Vers un monde enfumé
Frôler la ligne rouge
Avant le funeste dénouement
Avant l’exil des dispersés
Épinglés dans le dénuement
Sans tendresse, sans regard, sans….
La boue
Comme dernier refuge
La misère
Comme seule humanité
Novembre 2018
Nous n'imaginons pas ce qui repose
Ici, dans cette œuvre posée là
Dans cet espace immatériel
Dans ces dérives intemporelles
Nous traçons un chemin, incertain
Ici, pour asseoir nos convictions
Dans ce devenir improbable
Dans cette fable générique
Résignation du manquement
Ici se déploie le coup de dés
Où s'effondrent les prétentions
Où se résorbent les intentions
Provocation de la question
Où se replie la torture
Dans nos forges conceptuelles
Texture friable du temps
Où se prépare l’absence
Dans le renoncement
Juillet 2017