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Alètheia ( ἀλήθεια )

Poésie

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Alètheia

Prends la vie avec toi comme le chemin vers le Néant
Alors tu Comprendras la mort comme le Dévoilement
Car Naître auprès de l'Être amène la Disparition.

"Ces salauds de pauvres!"


Dehors se dressent les barricades
Lorsque les heures enrobent de folles nuées
Les ombres de ces "salauds de pauvres"

Les cris dérisoires recouvrent de cendre
Les supermarchés des illusions
En bon ordre devant le fusil

Pourtant

Dans l’affaissement des voix pacifiées
Où s’ajournent les regards asservis
Chaque pas irréversible écrase
Des mondes à jamais perdus

Nous ne voulons pas savoir
Ce qui se trame ici
Dans les profondeurs du mépris

Nous n’habitons plus la terre
Nous avons programmé sa spoliation
Viendra bientôt l’exode
Pour un ailleurs qui n’existe peut-être pas

Ainsi dans la valse des regrets

Nous laissons crier, hurler, pleurer les peuples
Pendant que quelques-uns arraisonnent la planète
Pour mieux soumettre tous ces gueux

Ils crèveront de toute manière

Par empoisonnement
Par famine
Par les guerres

Ils sont des milliards

C’est programmé
Ils crèveront

Dans le plus grand dénuement
Dans la plus grande solitude
Dans le plus grand désespoir

Pourtant

Ils ne demandent qu’une chose
Une chose très simple à dire
Si simple que précisément
Nous ne savons plus le dire

Une chose que nous avons oubliée peut-être
Parce que ce n’est pas une chose
Et que cela ne se possède pas

Non
Ce n’est pas une chose
Mais une idée, un rêve, une utopie

Mais pour eux
Ça n’a peut-être jamais existé

Le droit d’exister


Octobre 2020


Le visage d'autrui


Tu te regardes dans le miroir
Brûlé par tes anxieux désirs

Dresser la vie en urgence
Avant le grand sommeil
Celui dont on ne revient pas
Celui qui nous attend dans l’impasse
Des étreintes trop tardives

Bruissement du moment défiguré
Sous la pluie frémissante des larmes
Derrière la fenêtre adossée à la nuit
Le corps brisé dans les replis
De l’infini vide du rien

Et pourtant

Dans l’attente de l’ultime abandon
À l’épreuve de l’ennui et du bruit

Répondre du visage d’autrui
Et échapper un instant à sa misère

Décembre 2018


La foule

Sans l'horizon d'un avenir

Lorsque la foule est trop grande
Lorsque toutes ces voix hurlent

Lorsque cette foule
Harcèle, frappe, cogne
Et se précipite contre les murs

Il n'y a plus de place pour la mémoire

Il ne reste
Que la tyrannie du présent

Octobre 2018


Dissolution

Juin 2001


Une femme à sa fenêtre


Nous voudrions voir l’oiseau
Dans le tumulte du printemps
Tournoyer dans le ciel

Une femme à sa fenêtre

La vie imprimée sur les rides
Brouillées d’étoiles gémissantes
Et les mots enchevêtrés du désir

Une femme à sa fenêtre

Les regards arqués par les larmes
Avec ce mouvement subtil
Qui embrase tous les possibles

Une femme à sa fenêtre

Qui se consume
Dans l’infamie du temps

Octobre 2020


Exil

Aube du vent engourdi
Dans la rue des autres
Trouver un espace de commencement
Dans la blancheur du matin

Gravir l’échelle des frontières
Et dérober la gaieté du refuge
La douane en contrôle simulé
Se joue de la détresse du condamné

Vérification formelle des captifs
Avant la déportation attentive
Avant la résignation conjointe
Vers un monde enfumé

Frôler la ligne rouge
Avant le funeste dénouement
Avant l’exil des dispersés
Épinglés dans le dénuement

Sans tendresse, sans regard, sans….

La boue
Comme dernier refuge

La misère
Comme seule humanité

Novembre 2018


J. Cage

Nous n'imaginons pas ce qui repose
Ici, dans cette œuvre posée là
Dans cet espace immatériel
Dans ces dérives intemporelles

Nous traçons un chemin, incertain
Ici, pour asseoir nos convictions
Dans ce devenir improbable
Dans cette fable générique

Résignation du manquement
Ici se déploie le coup de dés
Où s'effondrent les prétentions
Où se résorbent les intentions

Provocation de la question
Où se replie la torture
Dans nos forges conceptuelles

Texture friable du temps
Où se prépare l’absence
Dans le renoncement

Juillet 2017


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