Là-haut
Au bord du précipice
Nous pouvions voir une branche
Une branche couverte d’aiguilles
À son extrémité
Comme un buisson d’épines
Bourgeonnant au-dessus du vide
Le tronc de l’arbre replié sur lui-même
L’écorce écorchée
Nouée dans sa douleur
Et les racines
Pénétrant le sol
Entrelaçant la rocaille
À son extrémité
Comme un équilibriste
Sur le fil des entrailles
Un arbre
Qui veut vivre
Qui veut à tout prix
Résister
Un arbre
Dans la résistance
Au-dessus de l’abîme
Mais
L’eau est venue
Elle a tout emporté
L’eau qui gronde
L’eau qui ravage
L’eau des orages
Qui emporte tout
Qui ravine tout
La terre d’abord
Ce ciment
Ce liant des pierres et des racines
Les rochers ensuite
Et tout ce qui va avec
Il ne reste rien
Là-haut
Je ne sais pas s’il a eu peur
Je ne sais pas s’il a souffert
Mais
Ce que je sais
C’est que cet arbre
Dans sa résilience
A voulu préserver sa dignité
Juillet 2021